-"Pour mon anniversaire, mon rêve, ce serait d'aller dormir au sommet du Mont Aiguille... Tu crois que Jean-Marc pourrait nous l'organiser?" Et nous voilà partis tous les cinq de Chichilianne vendredi en fin d'après-midi. C'est l'été indien et nous ne souffrons pas trop de la chaleur durant les 2h30 de la marche d'approche. Dans les sacs, pas de matos superflu. On monte l'eau pour le bivouac, un bon petit repas festif, un sac de couchage douillet et Jean-Marc nous a tous équipé avec des sur-sacs ultra-légers en couverture de survie. Ce ne sera pas du luxe car la météo annonce du vent dans la nuit. Les lumières d'automne sur la roche calcaire sont sublimes. Nous attaquons les premières longueurs d'escalade vers 18h. L'itinéraire de la voie normale a été ré-équipé récemment et certains passages sont sécurisés avec des câbles. Les sections d'escalade alternent avec des traversée de vires aériennes. Le cheminement est parsemé de crottes de bouquetins, pas de doute, il y a de la bestiole...On progresse en basket et les sacs rendent les passages verticaux plus physiques. On ne peut s'empêcher de penser aux troupes de François 1e qui escaladèrent les premiers en 1492 cette montagne surnommée le Mont Inaccessible. La nuit nous rattrape dans la dernière longueur. Cela met un peu de piquant et nous sortons à la frontale sur le plateau sommital. Beau moment d'euphorie collective. Le choix du lieu de bivouac est rapide, on ne voit pas à 5m et l'herbe est accueillante juste à la sortie de la voie. Le réchaud vrombit et la cheffe en cuisine nous concocte un succulent plat de lentilles avec 2 courgettes, 1 oignon et du basilic frais. D'habitude les bivouacs, c'est purée-thon mais cette fois ci, l'intendance est irréprochable! Et pour cause, nous l'avons déléguée à la meilleure cuisinière de la cordée. L'envol d'une lanterne volante avec tous nos meilleurs vœux d'anniversaire scelle la fin de la veillée. Le réveil est magique, nous avons l'impression d'être les rois du monde. Le brouillard qui nous avait enveloppé dans la nuit s'est dissipé et la lumière diaphane baigne tous les sommets du Vercors dominés par Le Grand Veymont. Nous pensions être seuls au monde mais que nenni. Un vieux bouquetin solitaire broute paisiblement à nos côtés. En contrebas, quelques femelles avec leurs petits escaladent la vire avant de disparaître derrière le pilier.
On s'arrache avec regret à la contemplation des sommets mais la descente nous réserve de beaux moments esthétiques et d'adrénaline avec le passage sous une arche improbable et la descente d'un rappel de 50m en fil d'araignée entre 2 parois qui se resserrent. Retour sur le plancher des vaches avec des étoiles plein la tête. L'est pas belle, la vie? Comments are closed.
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Auprès de mon AlpeNos coups de cœur, nos rencontres, nos envies, on vous les partage ici : c'est l'esprit "Auprès de mon Alpe"... Archives
June 2024
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